jeudi 28 décembre 2006

Qu'est ce que L'éthique ?

L' éthique part d'une prise de conscience. Nous réfléchissons sur ce que nous faisons, au pourquoi de nos actions et à leurs conséquences ce qui nous amène à faire des choix. Des choix tant avec le corps, que la parole et l'esprit. Ces choix sont fondés sur une attitude d'esprit qui va définir une éthique. Pour pouvoir agir de façon juste, nous avons besoin de points de repères et de références. L'éthique part donc d'un état d'esprit à partir duquel nous prenons des engagements, puis, l'engagement pris, nous nous entraînons à le préserver, à le garder. Prendre un engagement, est facile, le respecter l'est déjà beaucoup moins.

Avoir une attitude éthique suppose de faire des choix, or nous pouvons parfois avoir l'impression que ceux-ci limitent notre liberté. En réalité, c'est l'inverse, si l'on renonce à faire certaines choses, c'est pour être libre ! C'est le véritable sens de la liberté. Nous faisons des choix de vie, d'attitudes d'esprit qui vont nous amener à plus de clarté, plus de liberté et plus de bienveillance. En ce sens, l'éthique, dans le cadre du bouddhisme, n'est pas moral. En tibétain conduite éthique se dit "tsultrim" qui peut se traduire par " la règle de la réalité ". Cela veut dire que nous allons nous donner une attitude du corps, de la parole et de l'esprit qui va nous amener vers plus de clarté et qui va nous relier à la réalité, à la nature de l'esprit et à l'Eveil. Une chose est de dire " je souhaite le bienfait des êtres " et une autre est de se demander : " comment vivre cela au quotidien ? ". L'éthique du dharma nous en donne les moyens.

S'entraîner à cesser de nuire. La première étape proposée par le Bouddha est d'arrêter d'être nuisible. Nous sommes souvent agressants et envahissants. Nous avons un territoire que nous protégeons, le territoire de l'ego. Cela génère de l'attachement, de la colère et de nombreuses émotions perturbatrices qui parasitent notre activité et engendrent de l'insatisfaction. Le Bouddha nous invite à simplifier notre vie. Afin de nous libérer de nos entraves, il nous convie à des engagements au niveau du corps, de la parole et de l'esprit.

Dans une classe, le comportement éthique au niveau du corps suppose de cesser d'être violent et agressant au travers de nos gestes, des attitudes physiques. Sur le plan de la parole, il s'agit de s'entraîner à ne pas tromper les autres, de ne pas nuire par des paroles blessantes, de ne pas médire et de ne pas parler négativement des autres ni de perdre son temps en des paroles futiles. (Par futiles, nous entendons des paroles dites sans conscience et qui amènent à un moment ou à un autre à médire, à être blessants ou à mentir.) Au niveau de l'esprit, on s'entraîne à repérer les attitudes liées à l'attachement, ce qui est de l'ordre de la fascination ou à l'aversion, ce qui est lié à la colère, à l'irritation, afin de trouver une distance avec l'émotion. Pour être mis en œuvre, un tel engagement demande un entraînement, ce n'est pas parce que nous avons décidé d'arrêter d'être nuisibles que nous allons le devenir du jour au lendemain !

S'entraîner à mettre l'éthique en pratique
Pour mettre en œuvre les qualités dont nous venons de parler, il est important d'organiser la rencontre avec soi-même et dans un premier temps, il s'agit de s'occuper de nos négativités prédominantes. Il nous faut voir nos tendances les plus évidentes. Quelles sont nos tendances ? Est-ce plutôt l'agression, l'orgueil, la jalousie, ou plutôt l'attachement ? Les voir nous permet de mieux y faire face pour ensuite travailler avec les émotions et les habitudes plus subtiles. Nous avons, de toutes façons, tendance à chercher la tranquillité, c'est ainsi que la saisie égoïste fonctionne, aussi, l'élève difficile ou le collègue gênant, celui qui nous blesse, sont perçus comme des obstacles à notre tranquillité. Mais, ce sont eux qui sont comme un appel à la pratique, qui nous montrent ce qu'est notre orgueil, notre manque de patience ou notre colère. Les ennemis, ceux qui nous blessent, nos concurrents et ceux que nous n'aimons pas sont pour nous les personnes les plus intéressantes ! Il ne faut pas voir les points difficiles et les obstacles comme un empêchement mais au contraire, comme un appel à la pratique. Enfin, il faut nous entraîner à reconnaître l'émotion, y remédier et nous engager à ne pas être pris par elle. Ce n'est pas évident de reconnaître l'émotion mais l'entraînement aidant, cela devient de plus en plus aisé. L'émotion une fois reconnue, nous mettons en œuvre tous les antidotes enseignés par le Bouddha.

la morale commande, l'éthique recommande

Dans toute morale peut apparaître des "conflits de normes" qui ne peuvent être résolus que par la sagesseLa morale répond à nos questionnements, l'éthique est en elle-même une interrogation et une recherche et rien d'autre. (Christian Hervé)

Aristote
L'amitié qui est une vertu consiste dans la bienveillance réciproque. Deux personnes qui se veulent du bien réciproquement sont amies deux personnes qui se veulent du mal réciproquement sont ennemies.Le plaisir se distingue clairement du bonheur. Alors que le plaisir constitue une fin surajoutée à laquelle on parvient lorsque l'on a réussi une action, le bonheur est un état durable qui se suffit à lui-même auquel on ne parvient que par l'exercice de la partie la plus élevée qui soit en nous : la partie rationnelle de notre âme. Ce qui en d'autres termes signifie que le bonheur réside dans l 'exercice de la pensée et dans la réflexion philosophique elle-même.

Epictète
Seules les choses qui dépendent de nous peuvent être un bien ou un mal car il demeure en notre pouvoir d'agir sur elles. Quant à ce qui ne dépend pas de nous ce ne peut être ni un bien ni un mal, cela doit nous rester indifférent. Ainsi il est indifférent que je reçoive ou non des honneurs puisque cela ne dépend pas de moi.Vivre selon la raison en faisant toujours la distinction entre ce qui dépend de soi et ce qui ne dépend pas de soi telles sont les clés de la vie vertueuse et de la réalisation du bonheur.

Epicure
La morale épicurienne est une morale sensualiste et rationnelle dont l'objectif premier est d'éviter la souffrance et qui suppose pour cela la maîtrise de nos désirs. On ne saurait donc la confondre avec l'image d'éthique de la débauche qui est trop souvent véhiculée mais il ne faudrait pas non plus oublier quelle vise avant tout l'obtention du plaisir par la maîtrise des sens.

Kant
L'action conforme à la loi morale peut seule mener au souverain bien car seule elle nous rend digne de lui. Ce n'est donc pas la seule vertu qu'il faut identifier au bonheur comme le proposent les stoïciens ni le plaisir comme l'affirment les épicuriens mais c'est l'action conforme à ce qu'énonce la loi morale qui nous rend dignes du bonheur (bonheur dont nous devons postuler l'existence nécessairement mais qui ne peut être assuré sur le plan théorique).

Levinas
Etre face à quelqu'un d'autre c'est toujours être face à ce qui nous dépasse à ce que l'on ne peut réduire à n'être qu' un simple objet ou un simple sujet.

Platon
La connaissance de l'Idée de Bien constitue le fondement de l'éthique.

Sartre
La théorie de la liberté et de la responsabilité fondamentale de l'homme conduit Sartre à affirmer : qu'il n'est pas possible de ne pas s'engager et que lorsque l'on croit éviter l'engagement on s'engage encore.

Schopenhauer
Cette force aveugle (la Volonté) qui fait se mouvoir toute chose sans direction ni but déterminé est cause de la souffrance humaine. L'homme prisonnier de la volonté, de ses désirs et du vouloir-vivre est un être nécessairement malheureux.

Spinoza
Les objets de la nature, les modes, sont eux aussi éternels et infinis s'ils sont regardés sous le rapport du troisième genre de connaissance.

Edgar MORIN
L’éthique est un sentiment existentiel, comme le sentiment de la liberté, que contredit toute science, tout regard sur le passé comme toute prévision du futur, mais qui est la sève du présent vécu. Et cette sève du vécu, chose paradoxale, c’est la présence en nous du devoir-être, de l’idéal, du refus, c’est-à-dire du virtuel et de l’imaginaire.

Jacques MONOD
Par définition, de par son rôle, un système de valeurs, une éthique, doit définir ce qui " doit être " et non ce qui " est ", un idéal achevé, un but à atteindre qui ne peut être l’homme lui-même. Aucun système éthique ne peut être purement utilitaire; c’est une erreur psychologique, une contradiction dans les termes, le déni du rôle même de l’éthique.

Pensées

Etudier sans pensée est un travail perdu ; penser sans étudier est dangereux [Confucius].

Savoir et se dire qu'on ne sait pas...Qui connaît la limite ? La norme existe-t-elle ? La règle se transforme en ruse. Le bien devient monstruosité. Et le peuple demeure perplexe [Lao-Tseu]

D'autres seraient passionnément attachés à leurs propres opinions sans vouloir les abandonner, ne soyons pas attachés à nos propres opinions sans vouloir les abandonner. Ainsi doit être pratiqué le déracinement [Bouddha]

Quand on abandonne le Tao, on a recours à la bienfaisance, quand on abandonne la bienfaisance, on a recours à la justice, quand on abandonne la justice, on a recours aux rites. Les rites ne sont qu'une mince couche de loyauté et de foi, et le début de l'anarchie [Lao-Tseu]